Dans un massif forestier désespérément plat mais giboyeux, trois biches au repas faisaient remuer les fougères dans un bruit de froufrous. C’était une grande clairière isolée, à la végétation dense et où seuls quelques hauts pins semblaient avoir réussi à tirer leur épingle du jeu. Le cerf solitaire, que l’aube avait chassé de sa place de brame, ne s’était fait entendre qu’au dernier moment. Étonnamment discret lorsqu’il se retrouve seul, la proximité des biches lui avait soudainement redonné de la vigueur. Il frappait le sol avec une telle force que la forêt entière semblait trembler sous ses pas. Les immenses fougères qu’il piétinait donnaient l’impression de se prosterner sur son passage. Toute méfiance l’avait quitté, il ne voyait plus que les biches. Il était bel et bien le roi de la forêt.
Octobre 2018, Bretagne